Mon défi 2017 : Crêtes du Jura, étape 1/15, Dielsdorf – Brugg
Samedi 25 février 2017, c’est parti : Comme je vous l’expliquais dans mon billet précédent, je me suis fixé comme défi 2017 d’effectuer, petit à petit, une traversée (partielle…) de la Suisse, entre Zurich et Genève, plus précisément en suivant les crêtes du Jura, entre Dielsdorf et Nyon. Donc, en ce samedi de février aux prévisions météo idylliques, c’est parti pour la première étape :
Définie comme « facile » au niveau des exigences (car empruntant des chemins et sentiers faciles), mais « difficile » au niveau physique (car longue), c’est avec une certaine appréhension que je me lance : Parce-que 25km de distance et 900m de dénivellé positif (« D+ »), c’est peut-être un peu long pour commencer l’année et valider que les chaussures et l’équipement sont bons. Mais cette étape a l’avantage de disposer d’une multitude de « plans B », si on n’arrive pas au bout.
Le programme du jour, c’est donc « Dielsdorf – Brugg ». Pour disposer d’un moyen de repli rapide si cette étape ne se passe pas comme prévu, je décide de me rendre en voiture vers l’itinéraire, depuis ma Suisse romande natale. 2 heures de route d’après mon GPS, c’était compter sans les bouchons et un brouillard à couper au couteau. J’arrive donc en retard sur mon planning à Baden, petite ville située aux 2/3 du parcours du jour. Le parking de la « GartenStrasse » est idéalement situé et pas trop cher pour y laisser mon véhicule la journée. Je rejoins ensuite Dielsdorf en bus et en train, avec l’aide magique de l’application CFF qui me dit par où passer et qui me permet d’acheter mon billet en 3 clics. Je l’aime.
Me voilà donc parti à 10h45, soit 3h15 après être parti de Lausanne. 30 minutes de retard sur le planning, suite aux bouchons sur l’autoroute. Pour une étape d’une durée annoncée de 7h20, avec le soleil qui se couche encore assez tôt en cette période de l’année, c’est un peu limite.
Surtout que je ne sais pas du tout comment je vais me positionner par rapport à la durée officielle annoncée…
Je prends donc la route sans aucune certitude d’arriver au but. Le parcours commence par la traversée de Dielsdorf, un village très très calme aux bâtisses fraîchement rénovées. J’entame une montée d’environ 1h30 au travers de tout proprets jardins potagers bien entretenus, puis de vignes et de forêts.
Tout ça sous une brume humide et frigorifiante. Le premier village traversé est Regensberg, un bourg en hauteur, qui, sans la brume, doit dominer la plaine. Bourg charmant, et, au vu du parc de voitures, habité par de riches zurichois. On a presque l’impression de déranger quand on traverse les rues.
La montée, parfois rude, mais la plupart du temps douce, continue au travers de chemins forestiers, au travers d’arbres fraîchement entretenus. Je manque, à 10 mètres près, une collision avec une biche qui court dans la brume et qui avait oublié ses phares anti-brouillard. Je ne sais pas qui des deux aura eu le plus peur. Mais elle a couru plus vite que moi.
Après un moment sous le brouillard, c’est dans la brume que le parcours continue. Et c’est là que je regrette d’avoir oublié le bonnet. Moi qui culpabilisais d’avoir oublié une casquette….
Parce-que dans la brume, il fait froid. Ce qui donne au paysage une beauté féerique, mais m’empêche de m’arrêter pour des pauses, de peur de me transformer en glaçon.
La preuve :
C’est en arrivant au sommet qu’enfin j’entrevois du ciel bleu, au dessus d’un radar SkyGuide. J’ai atteint le point culminant du parcours : 856m. Mais le point panoramique qui s’y trouve n’est pas terrible aujourd’hui : On ne voit pas la plaine.
Après ce panorama, c’est en effet vers du ciel plus bleu que je me dirige. La température et le taux d’humidité deviennent plus agréables, et les chemins forestiers sont remplacés par des sentiers, d’abord sur un lit de feuilles puis à même la roche, à plat. Une roche irrégulière et penchée, assez pénibles pour la marche. C’est d’ailleurs à ce moment là que je ressens les premières douleurs au pieds, et que je regrette de ne pas avoir placé préventivement des « compeed » sur mes talons.
Il faut dire que depuis toujours, je suis un habitué des cloques (ou ampoules) aux pieds, en particulier aux talons. Jusqu’à maintenant rien n’y fait : Aucune paire de chaussures ne m’épargne. Je me rends compte que ce point va être la principale difficulté de mon défi 2017.
Une petite pause pic-nic plus tard à un endroit où la vue est dégagée sur la plaine et ses industries, je me remets en route après avoir resserré mes chaussures, pour entamer la descente vers Baden, ville intermédiaire de l’itinéraire. Une descente sur des chemins forestiers peu pentus, mais à l’ombre et sans vue. Ca n’est pas la plus belle partie du parcours du jour.
Peu à peu, on rejoint la civilisation, avec une vue d’abord sur les industries (ABB sur des dizaines d’hectares…), puis un beau dégagement sur Baden. Sur la descente, on contourne une belle forteresse à flanc de coteau, puis c’est par des escaliers qu’on rejoint la ville.
D’ailleurs, ce jour là, c’est Carnaval à Baden. Je traverse donc la rue principale aux sons d’un concours de Guggen Musik, au milieu des jets de confettis et des enfants déguisés.
A Baden, l’itinéraire balisé fait un petit détour, d’abord en suivant la Limmat puis en traversant la ville. Je vous conseille de respecter ce détour qui vous fait passer par de beaux endroits, via un ascenseur extérieur design qui vous dispense de quelques mètres de montée.
En traversant la ville, je ne suis pas assez attentif au balisage : Je me perds, et, quand je retrouve les panneaux de tourisme pédestre, je mets quelques kilomètres à me rendre compte que je ne suis plus sur le bon chemin. Heureusement pas complètement opposé de ma destination, il me faudra quand-même 30 minutes pour rejoindre le bon tracé…
Je commence la seconde montée du jour, bien plus courte que la première, vers Baldegg et son château d’eau. Mes pieds souffrent, mes jambes font mal. Il me reste quand-même une dizaine de kilomètres à faire.
Après la montée, un long moment de faux plat, sur des chemins forestiers sans charme particulier, me permettent de rejoindre le Gebenstorfer Horn, point de vue très prisé de la région, sur le « Château d’eau de la Suisse », région ou l’Aare et la Limmat se rejoignent, ou se séparent, je ne sais plus trop :
Il faut dire que mon état de fatigue et mes pieds en bouillie m’ont un peu empêché d’apprécier la beauté du panorama. De plus le « brouhaha » urbain qui monte de la plaine gâche un peu la vue. Même si on est samedi. C’est peut-être pire la semaine…
La fumée blanche au loin, c’est la vapeur de la centrale nucléaire de Beznau Leibstadt. Je crois.
Après une bonne pause pour me ressourcer, j’entame la dernière descente sur la plaine : 30 minutes sur des chemins forestiers, au son de musique techno d’un cortège de carnaval qui monte de la plaine. Autant je suis heureux du fait que je sais maintenant que j’arriverai au bout de cette première étape, autant je souffre de mes jambes, de mes chevilles, de mes pieds.
C’est avec une démarche de zombie que je rejoins la plaine. Il me reste 1h de marche pénible pour rejoindre la gare de Brugg, en traversant Gebenstorf, un village résidentiel sans charme, et en longeant l’Aare et la Reuss. J’hésite à prendre le bus pour rejoindre la gare, mais je tiens bon, en me raccrochant à l’idée d’une bière bien fraîche à mon arrivée à la gare.
Et là, c’est le drame : Aucun bistrot en vue à la gare de Brugg. Je suis donc arrivé, heureux et euphorique d’avoir dépassé mes limites physiques, mais je n’aurai pas droit à ma symbolique récompense.
Au final, j’ai effectué le parcours en un peu moins de 7 heures, y compris mes pauses. Je retiens donc que les durées mentionnées par Suisse Rando (7h20) sont assez larges. Côté perso, je réalise qu’outre des douleurs musculaires normales au vu de mon entrainement, c’est avec mes pieds et leurs cloques que je vais devoir lutter tout au long de mon défi 2017 : C’est pas beau à voir.
Mais la satisfaction d’être arrivé au bout efface la douleur ! Et compense l’absence de bière, aussi.
Je reprends le train, direct et fréquent en direction de Baden. J’y retrouve ma voiture, la boucle est bouclée !
Voilà pour le compte rendu de cette première étape. La seconde n’est pas planifiée, dans la mesure où la météo à court terme n’est pas bonne, et… qu’il faut que je soigne mes pieds. Et que je travaille un peu, aussi.
A suivre !